Lavage à froid uniquement - Aurore Py - Éditions de l'Aube
4ème de couverture :
« Ça part de traviole d’emblée et si je devais me présenter, je ne
saurais trop par quel bout prendre ma vie. Aujourd’hui, elle se résume
à être mère au foyer. J’ai 37 ans, trois enfants, un bel appartement
au centre de Lausanne et bien que ça manque d’originalité, oui, je
suis désespérée.
Avant cela, j’étais médecin urgentiste. Avant cela encore, je
faisais le deuil de ma mère morte trop tôt et de mon père entré dans
les ordres. Ah, et j’ai un frère, pas bien stable lui non plus. Un
mari, par contre, qui l’est pour nous tous.
Mais tout ça, c’est sans compter le cadavre qui vient de s’inviter sur la poussette des twins... »
Tout est dit ou presque : ce roman intelligent et drôlissime vous
propose de suivre les (més)aventures d’une jeune trentenaire qui se
retrouve nez à nez avec un macchabée en sortant la poussette de ses
jumeaux du placard de l’entrée. Parce qu’elle s’ennuie à pleurer, elle
décide de se mêler de l’enquête policière et ça donne un roman
extrêmement bien écrit, enlevé et malicieux."
Mon avis :
Je commencerai par l'essentiel : je me suis régalée à la lecture de Lavage à froid uniquement,
au point que je devais me forcer, chacun des trois soirs que m'a pris
cette lecture, à ne pas continuer de tourner les pages jusqu'au petit
matin. Oui, Lavage est une lecture totalement addictive. J'aime
les livres addictifs parce qu'on est impatient de les retrouver, comme
on est impatient de retrouver une personne chère avec qui on sait
d'avance qu'on va passer un moment formidable et excitant.
Julie, la
narratrice, n'est pas précisément le genre de personnes à qui j'aimerais
avoir affaire dans la "vraie vie". Pourtant, elle m'a inspiré de la
sympathie. Souvent, j'ai eu envie de la secouer. Bon sang, elle n'est
pas la seule femme à vivre au foyer avec trois gosses en bas-âge et à
devoir gérer ! En plus, elle est quand même gâtée par la vie : un mari
charmant, riche, qui veut qu'elle se dégote une nounou, un bel appart'
dans une ville magnifique, des enfants mignons et intelligents, etc.
Mais il y a des failles dans ce monde idéal en apparence : le frère de
Julie, Gaël, est diagnostiqué bipolaire... et Julie elle-même n'est pas
ce qu'on peut appeler un modèle d'équilibre psychologique. De plus, elle
s'est sentie abandonnée par son père entré dans les ordres à la mort de
sa femme/la mère de ses enfants.
L'épisode du cadavre dans le cagibi
de la poussette va agir comme un élément déclencheur. À partir de là,
tout part en vrille. Et notre Julie, en menant ses recherches en
parallèle de celles de la police, va découvrir bien d'autres cadavres
dans les placards, mais cette fois au sens figuré...
L'écriture
dynamique, moderne, enlevée, m'a séduite. L'humour très présent m'a fait
rire plus d'une fois (j'aime quand un auteur parvient à me faire rire,
ce n'est pas si courant). J'ai aimé la finesse avec laquelle sont
abordées les relations frère/sœur (aspect qu'on trouvait déjà bien
développé dans Les fruits de l'arrière-saison, c'est visiblement,
avec celui de la maladie mentale, un thème cher à l'auteure). Les
rapports - compliqués - au sein du couple sont également décrits avec
subtilité. J'ai apprécié aussi la façon dont le suspense est mené, dont
l'auteure fait de la rétention d'informations, parfois, pour nous tenir
encore plus en haleine. C'est très fort.
Minuscule réserve :
peut-être attendais-je autre chose de la toute fin, qui, sans me
décevoir, m'a paru très légèrement en deçà du reste du roman, mené
jusque là de main de maître. Pour conclure, un seul mot : chapeau bas à
l'auteure !
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