mercredi 1 octobre 2014

Une chronique toute fraîche

J'ai eu le plaisir de découvrir une nouvelle chronique du Tome 1 fraîchement publiée sur ce blog très intéressant : Le monde de Paikanne
Merci à Paikanne pour ce très beau billet ! 
Je me permets de copier/coller l'article ici :

29/09/2014

Nalki, T. 1 : Matricule 307, Alice Adenot-Meyer

Présentation. Nous sommes en Serdane, pays écrasé sous le joug d'une dictature brutale et corrompue.
En rentrant de leur cours de musique, Nalki, quinze ans, et sa sœur Perle, treize ans, sont accueillis par des policiers venus les arrêter. Les deux adolescents sont séparés de leurs parents et déportés dans un camp de redressement.
Soumis au travail forcé, ils vivent des heures particulièrement difficiles et rêvent de trouver un moyen pour regagner leur liberté.

Nalki1.jpg
Mon avis. C'est le billet de Melisende (merci à toi, Meli !) qui m'a fait découvrir et acheter ce récit. En voici encore un qui rejoindra les propositions susceptibles d'intéresser mes élèves.
Le récit commence à dérouler sa partition alors que Nalki s'en revient du Conservatoire, en compagnie de sa sœur, Perle. Tous deux portent la musique dans le cœur, jusqu'au bout des doigts : lui, le violon ; elle, le violoncelle.
Arrivés chez eux, ils entrouvrent la porte de l'enfer : la police a investi leur domicile, leurs parents ont disparu et ils sont aussitôt emmenés à Blache, un camp de redressement destiné à (re)mettre "sur le droit chemin" ceux qui auraient dévié de la route uniforme tracée par le dictateur serdan Sorbier Pamor.
L'horrible lieu fait inévitablement penser aux camps de concentration nazis : séparation des filles et garçons, appel interminable dans le froid, brimades, coups, humiliations, faim, travaux forcés. Le seul "tort" pour bon nombre d'entre eux : avoir de la famille forsenne. Les citoyens de nationalité forsenne sont devenus, depuis quelque temps, des parias.
"Les détenus marchaient dans un silence presque total. Le chemin s'ouvrait devant eux, taillé comme une blessure dans les profondeurs sauvages de la forêt. [p. 47]
  "Face à la violence et l'agressivité qui sévissaient dans le camp, il se sentait démuni. Tous ses repères s'effondraient. [p. 54]
  "Nalki et Saule avaient cessé de compter les jours. Ils évaluaient la durée de leur détention à trois semaines environ.
   Un enfer, du lever au coucher.
   Le pire était sans conteste la faim. Elle torturait Nalki en permanence, tournait à l'obsession.
   Abruti, les membres douloureux, tremblant de froid et affamé tout au long de la journée, il tombait la nuit dans un sommeil trop agité pour être reposant.
   Perle, il ne l'apercevait qu'à l'appel, tôt le matin. Au fil des jours, le visage de la jeune fille se tendait, se creusait. Le frère et la sœur échangeaient de loin des regards sinistres." [p. 55]

Nalki est intelligent : il comprend vite qu'il a intérêt à faire profil bas s'il veut survivre dans cet enfer ; pourtant, il a parfois bien du mal à se contrôler car la révolte face à l'injustice gronde au plus profond de lui.
C'est alors qu'une infime lumière vient éclairer le gouffre noir dans lequel il est plongé : la musique n'a pas joué sa dernière note. Mais se retrouver aux prises avec le colonel Vladàn n'est pas une sinécure. Vraiment pas....
J'ai beaucoup aimé l'écriture d'Alice Adenot-Meyer : même si le récit s'adresse aux adolescents, la langue est très riche et ne tombe jamais dans la facilité.
Les personnages sont nuancés, ce qui les rend particulièrement intéressants : je pense à Nalki, heureux de s'épargner les corvées imposées et manger à sa faim en intégrant l'orchestre du camp mais se sentant coupable par rapport à ses compagnons d'infortune ; je pense au colonel Vladàn, un être face auquel il est difficile de savoir sur quel pied danser. "Jouer" au funambule devient alors un art...
Je lirai bien sûr le tome 2.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire