Mort aux grands ! P. Léauté

Mort aux grands ! de Pierre Léauté - éditions Le peuple de Mü

4ème de couverture :
1919. La Première Guerre mondiale s’achève enfin et la France doit reconnaître sa défaite face à l’Allemagne. Humiliée, ruinée, la population vit désormais sous le joug du grand Kaiser. Des cendres de la défaite va cependant s’élever un homme qui ne se résigne pas : le soldat Augustin Petit !
Lui seul a compris les raisons de la déroute. Lui seul en connaît les responsables. Lui seul a le courage de les désigner : les grands ! Voici poindre la terrible revanche du plus patriote des rase-moquettes. Vive les petits bruns !
Deuxième roman de Pierre Léauté, Mort aux grands ! est une uchronie drôle et décalée qui n’oublie pas de nous faire réfléchir sur l’incroyable propension des peuples à choisir, parfois, les idées les plus stupides…

Mon avis
Ce court roman se lit très vite, le style est agréable et mordant, l'humour omniprésent. L'intrigue surprend jusqu'à la fin... même si on peut l‘anticiper, cette fin, si on garde à l’esprit ce qui s'est réellement passé entre les deux guerres mondiales, et si on suit jusqu'au bout le parallèle entre Augustin Petit, le revanchard dont tout le monde s'est moqué autrefois à cause de sa petite taille, et un tristement célèbre moustachu à la mèche sombre qui a mis, en son temps, l'Europe à feu et à sang.
Bien que soient évoqués sans pincettes des évènements terribles, on reste ici dans le registre du cocasse, du burlesque. Pas de grands sentiments ni de pathos, pas de voyeurisme non plus. Le héros, Augustin Petit est un pauvre type qui a toujours subi les brimades de sa famille (à l'exception de sa grand-mère) et qui part sur le front où en l'envoie bien sûr en première ligne. Un obus le blesse gravement, et à la fin du conflit, il rejoint, défiguré, la sinistre cohorte des estropiés de guerre. Mais il n'a pas dit son dernier mot. Il ne digère pas la défaite de la France. Le manque de considération qu’on a pour le sacrifice des soldats-combattants le révolte. Pas question de se résigner. Son esprit vindicatif va trouver des boucs émissaires et il décide de se venger. Soutenu par quelques farfelus aussi paumés que lui, il va aller d’échec en humiliation jusqu’à rencontrer, au prix de quelques insolites retournements de situation, beaucoup plus de succès qu’on aurait pu le prévoir au vu de la faiblesse/l’absurdité de son argumentaire. Et cet homme qui m'était plutôt sympathique au début du roman va me paraître de plus en plus odieux, effrayant, au fil de ma lecture. La victime se transforme en une sorte d’anti-héros qui ne fait pas dans la subtilité. Si l'histoire n'était pas contée sur le mode satirique, je crois que je n'aurais pas lu jusqu'au bout, tant les évènements prennent une tournure de plus en plus folle, délirante... (mais pas si éloignée de ce qui s'est "réellement" produit, quand on y songe).
Un roman bien ficelé donc, qui a quelque chose de truculent, de provocateur, d’agréablement jubilatoire...
Cependant, je dirais que ce n'est pas mon genre de lecture, peut-être à cause, justement, de ce côté déjanté, burlesque, farfelu. Je regrette de ne pas m’être plus attachée/identifiée à ce personnage principal, et cette quasi indifférence que j'ai ressentie pour son sort et celui de sa bande de "bras-cassés" opportunistes m'a, réflexion faite, un peu attristée.
Une bonne lecture, humoristique et grinçante, mais à laquelle je n’ai pas totalement adhéré.

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