TREIZE - Aurore Bègue - Rue Fromentin
4ème de couverture : Alice a treize ans. Elle part en vacances avec ses parents et sa soeur
Marie, son aînée de trois ans. Sur la côte d'azur écrasée de soleil, la
famille retrouve un couple d'amis des parents. Durant cet été, Alice
voit Marie changer. Les trois ans qui les séparent lui semblent de plus
en plus infranchissables. Sa soeur s'éloigne. Elle observe aussi avec de
plus en plus de réalisme le couple que forment ses parents : une mère
psychologiquement fragile, instable et un père qui surjoue le bonheur
familial pour prétendre que tout est normal. On est jamais aussi lucide
qu'à treize ans. Alice comprendra avant tout le monde le drame qui se
noue durant ces vacances et qui marquera toute sa vie. Un premier roman
fort et émouvant sur l'adolescence, la découverte de la séduction et des
faux-semblants.
Mon avis :
Treize est un roman comme je les aime, un roman qui vous prend et ne
vous lâche plus jusqu’à la dernière page. Pourtant, il ne s’agit pas
d’un roman d’action, plein de rebondissements, ni d’une enquête
policière haletante. Ici, on est dans le réalisme, la vie telle qu’elle
est, faite de « petits » évènements qui peuvent pourtant bouleverser un
destin.
Aurore Bègue a su tendre un fil qui ne cède pas tout au
long du roman. Habilement, elle nous fait comprendre dès le début qu’un
drame s’est joué, que quelqu’un est mort. Sans bien sûr nous révéler
l’identité de la victime. Alors, on veut savoir. La tension croît, la
menace plane. On suit l’évolution de la jeune narratrice, on glisse avec
elle sur la pente dangereuse, vers l’inéluctable.
Tout est raconté
avec justesse, on est très vite immergé dans cette ambiance de plage, de
vacances, la chaleur étouffante, les jeux de séduction… J’ai apprécié
la subtilité dans la retranscription des émotions, la finesse de la
psychologie. Et la façon dont sont décrits la naissance du sentiment
amoureux, l’éveil de la sensualité, la rivalité entre sœurs (un des
thèmes du roman que j’écris actuellement…), cette relation ambivalente
entre amour et haine. Comme le désarroi de la mère, dépressive, et
l’irresponsabilité des adultes en général qui paraissent presque moins
matures que les ados…
Je voudrais aussi souligner la qualité et la
force de l’écriture - un style à la fois léger, naturel, limpide, mais
en fait subtilement travaillé, qui sert admirablement le propos.
Ce court roman est une réussite.
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